La Stanza del Tempo (The Room of Time)

« Par le biais d’une utilisation inattendue – et, à certains égards, inappropriée – de la photographie, Fiona Annis a transformé des objets de la collection du musée, notamment des télescopes célestes, des globes, des miroirs et des pendules, d’instruments de recherche en sujets d’étude. »

– Extrait du texte de l’exposition par Alessandra Troncone

En étudiant l’histoire de la photographie, j’ai compris que l’invention de l’appareil photographique est due aux lentilles optiques utilisées pour la première fois par les astronomes. C’est ainsi que j’ai commencé à m’intéresser aux liens entre la photographie et l’astronomie, qui partagent un intérêt commun pour la lumière et le temps, ainsi que pour l’exploration de ce qui se trouve au-delà des limites visibles de l’observation. Pour approfondir cette relation, j’ai entrepris une résidence au musée des instruments astronomiques de l’observatoire de Capodimonte.

Le musée abrite une riche collection d’appareils sophistiqués, datant du milieu du XVIe au milieu du XXe siècle, qui ont rendu visibles pour la première fois des domaines jusqu’alors invisibles. En étendant la vision humaine à des profondeurs apparemment incalculables, ces instruments – y compris les télescopes célestes, les globes et les pendules – ont changé notre perception de l’univers et de notre position au sein de celui-ci.

Afin de transformer les instruments de la collection d’outils de recherche en sujets d’étude, j’ai dirigé l’objectif de mon appareil photographique sur les instruments eux-mêmes, mais en réglant la mise au point de mon appareil sur l’infini, perdant ainsi complètement les contours de l’image.  La mise au point est faite sur un point lointain, bien au-delà des objets eux-mêmes, et donc sur un lieu qui n’est pas entièrement visible, projetant ces mêmes objets dans les galaxies dont ils sont censés nous rapporter la vision. Le résultat est une image soft-focus, à laquelle nous ne sommes pas habitués à l’ère de la haute définition, mais cette même qualité fait allusion à des mondes encore à découvrir, ceux que nous ne voyons pas encore clairement, mais dont nous percevons l’existence. Par cette utilisation inattendue – et, à certains égards, impropre – de la photographie, le projet prend des libertés refusées à la science, pour évoquer une matière impalpable non encore quantifiée.

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