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Correspondances

Correspondances est une exposition qui sonde les liens entre les lieux, les personnes et les événements afin d’explorer le rôle des échanges créatifs dans les processus de transformation sociale. L’exposition s’appuie sur des recherches archivistiques, combinées à la connaissance approfondie de l’artiste des procédés photographiques analogiques, pour créer des œuvres inédites en dialogue avec l’héritage de l’art abstrait au Québec.

Dans le cadre de ses recherches menées à la Fondation Guido Molinari, Annis a revisité les archives épistolaires entre le peintre abstrait Guido Molinari et ses contemporains. La suite d’images en résultante, Correspondances I-XI, est élaborée directement à partir de cette collection de lettres manuscrites qui s’étend sur plus de cinq décennies et comprend des échanges avec Paul-Émile Borduas, Dorothy Cameron, Danielle Corbeil, Claude Gauvreau, Cerj Lalonde, Rita Letendre, Robert Holland Murray, Barnett Newman, Rodolphe de Repentigny, Jean Paul Riopelle et Fernande Saint-Martin. Ce corpus de première source, qui raconte l’émergence du mouvement abstrait au Canada, génère une nouvelle vie matérielle sous le regard attentif d’Annis. Traitées à l’aide d’une table lumineuse et d’une lentille macroscopique, l’artiste a photographié les détails minuscules des lettres et les présente au format lettre. Ce changement d’échelle significatif propulse les archives elles-mêmes dans l’abstraction et exprime cet héritage social et visuel sous un nouveau jour, tout en rappelant les multiples individus qui ont collectivement contribué à ce moment radical de l’histoire.

Une deuxième série, Lettres, est le résultat d’une approche photographique qui abandonne complètement le boîtier de l’appareil photo. Conçue en dialogue avec l’héritage de la peinture « hard-edge », Fiona utilise des étiquettes postales comme masques photographiques, de la même manière que le ruban de masquage est employé dans la peinture à bords francs. Pourtant, transposée dans la nature fluide de la chambre noire, la chimie pénètre les masques et donne lieu à une imagerie aux contours particulièrement doux. L’œuvre est façonnée grâce à un processus qui embrasse les nuances du fait main et de l’usure du temps, d’une manière qui engage et remet en question l’héritage de la peinture à bords francs à travers des formes perméables et imparfaites.

L’exposition est enrichie d’un élément lumineux intégré à la façade du bâtiment, de deux séries d’images complémentaires, d’une composante sonore de l’artiste invité Stéphane Cocke et de deux œuvres d’art de la collection de la Fondation, dont une gravure de John Cage.

Publication de l’exposition par Marie-Eve Beaupré
Revue de l’exposition par Jérôme Delgado dans Le Devoir
Ce projet a été soutenu par le Conseil des arts et des lettres du Québec

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